David Leisterh : « On pourrait, via le Parlement fédéral, reconvoquer des élections bruxelloises »

Pour La Libre Belgique, David Leisterh est revenu sur le blocage à Bruxelles et avance une piste de solution : reconvoquer des élections. Interview complète à lire ici.

 

Comment allons-nous sortir de la crise bruxelloise ?

Il y a trois possibilités. La première, c’est qu’une nouvelle solution innovante de compromis finisse par être acceptée. Mais à mon avis, on peut continuer comme ça encore longtemps, et je ne vois pas bien la solution…

La deuxième possibilité, c’est qu’un élément exogène mène ceux qui ont posé des vétos à se mettre à table. C’est par exemple le Covid qui a permis de former le gouvernement De Croo, mais on ne peut évidemment pas souhaiter le retour du Covid ou d’une catastrophe…

Enfin, il y a une troisième possibilité. On pourrait retourner au Parlement fédéral, demander une majorité des deux tiers, et reconvoquer des élections régionales bruxelloises. Après un an et demi, il faut mettre toutes les possibilités sur la table.

Au niveau institutionnel, je rappelle qu’on ne peut pas dissoudre l’assemblée régionale bruxelloise.

Actuellement, on ne peut pas, non. Mais on pourrait demander au Parlement fédéral une majorité des deux tiers pour que, constitutionnellement, on puisse dès maintenant reconvoquer des élections. Certains vont me dire que c’est très compliqué à faire. Mais qu’ils me présentent alors une autre solution pour former un gouvernement ! Pour moi, reconvoquer des élections est une des solutions. Prenez l’Arizona. S’il n’y avait pas eu l’épée de Damoclès d’un retour aux urnes, je suis convaincu que Vooruit ne serait jamais revenu à la table des négociations. Ils savaient que, s’ils ne revenaient pas, ils auraient porté le valet noir et perdu les élections. À Bruxelles, ce risque n’existe pas.

Ce changement institutionnel qui permettrait une nouvelle élection, en changeant la loi spéciale (avec une majorité des deux tiers), ne prendrait-il pas des mois ?

Et si on ne fait rien, on peut continuer avec Rudi Vervoort jusqu’en 2029… Le retour aux élections est une piste de solution dont on doit discuter.

Mais comment obtiendrez-vous une majorité des deux tiers à la Chambre ?

C’est très compliqué. Mais on devrait aussi profiter de cela pour réformer tout le système électoral bruxellois, comme la majorité dans les deux groupes linguistiques, telle ou telle force de veto, le fait de ne pas pouvoir retourner aux élections, l’absence du Roi comme médiateur, etc.

Frédéric De Gucht dit qu’il n’y a pas de possibilité de réformer Bruxelles avec les six partis qu’a proposé Yvan Verougstraete, et donc sans la N-VA. Vous êtes de son avis ?

C’est quelque chose qui m’inquiète aussi. La volonté de certains partis de réformer Bruxelles reste encore à prouver. La présence de partis comme l’Open VLD et la N-VA est au minimum un gage de propositions de réforme. Ceci étant dit, la proposition formulée par le facilitateur cette semaine était pas mal du tout. Tout le monde se sacrifiait, le MR perdait un Secrétaire d’État. Il n’y aurait plus que moi comme élu MR au gouvernement, alors que nous avons gagné les élections… Mais, même si c’est à mon détriment et à celui des Bruxellois, Frédéric De Gucht tient une ligne politique en refusant une telle proposition, et ses conditions étaient connues depuis longtemps. Aujourd’hui, c’est lui qui prend tout dans la gu… Mais je rappelle que d’autres ont bloqué avant lui. Le premier problème initial vient du CD&V, puis c’est le PS qui a bloqué la majorité flamande avec la N-VA, fin novembre. Sans cela, on aurait eu un gouvernement pour Noël.